C'est depuis sa terrasse et en confinement que Laurent Demeure, président des agences Coldwell Banker, a répondu, par téléphone, à nos questions.
Laurent Demeure, interviewé par le magazine Belles Demeures, ça vous fait quoi ?
C'est drôle, on m'a souvent demandé si le magazine m'appartenait, surtout que c'est l'un des plus beaux qui soit dans les domaines du grand luxe et de l'art de vivre.
Quelle est votre stratégie commerciale durant le confinement ?
Nous mettons au point plusieurs stratégies durant cette période très particulière, et nous avons à notre disposition plusieurs outils, comme le téléphone, les conférences vidéo, les e-mails, les chats et les réseaux sociaux. Chez Coldwell Banker, nous avons fait évoluer notre Intranet, et on a un gros agenda de travail depuis le début de la période confinement, avec des réunions internes, des meetings, des formations pour apprendre à nos équipes à réussir un suivi client, quelles questions poser, et les consultants sont invités à prospecter et développer leurs sphères d'influence.
Vos équipes sont-elles réduites ?
Oui, suite à la baisse de fréquentation de nos sites internet, de l'ordre de 40 à à 45 %, depuis la semaine 3. Il faut savoir que les agences sont fermées. Les hôtesses, les services administratifs sont en chômage partiel, nous avons là une obligation légale. Par contre, au siège, environ 300 personnes, la direction, le marketing et les business consultants, tout le monde est en télétravail, et encore plus productif dans sa qualité de travail. Née à San Francisco, suite à un tremblement de terre, Coldwell Banker a traversé des guerres, des épidémies, le 11 Septembre 2001, la crise des Sub Primes, et nous en sommes toujours ressortis plus forts, en nous adaptant, dans plus de 50 pays.
De quelle façon entretenez-vous les liens avec vos clients ?
Nous nous inquiètons de leur bonne santé, nous continuons à développer des relations commerciales et amicales avec eux, c'est la feuille de route que j'ai donné à mes équipes. Nous mettons aussi en place le système des signatures on line afin de digitaliser l'entreprise, et profiter de cette opportunité pour revoir nos méthodes de penser et d'agir.
En profitent-ils pour négocier les prix ?
Non, nos clients acheteurs ne cherchent pas à avoir des réductions de prix. Ils veulent déjà préparer des visites d'après confinement, et même pendant le confinement, ce qui est très délicat à mettre sur pied. Evidemment, les budgets de certains d'entre eux ont diminué à cause de la chute violente de la Bourse, mais ils souhaitent réinvestir dès la sortie de crise. Quant aux possésseurs de patrimoine, ils veulent moins que jamais s'en dessaisir, ils préfèrent le sécuriser. Il n'y a pas de baisse, car il n'y a pas de marché. Compromis et ventes sont au même prix qu'avant le confinement.
Avez-vous des demandes particulières ?
Oui, certains de nos clients les plus riches commencent même à nous demander des biens d'exception dans lesquels ils peuvent vivre en complète autonomie..
Que reprochez-vous à l’ordonnance sur les transactions immobilières ?
Plus qu'un coup de gueule, j'ai agi comme un lanceur d'alerte car cette ordonnance gouvernementale décale les délais administratifs en termes de préemption urbaine. Je me bats contre ce délai de 2 mois qui s'est arrêté le 12 mars. Depuis, les mairies n'ont pas le temps de nous répondre, suite aux promesses de vente, et cela nous oblige à recommencer toute la procédure. Toutes celles qui auraient dû arriver fin mai seront reportées au plus tôt le 6 août. Cela a des conséquences pour les familles qui avaient des projets, et pour les notaires, car décaler la chaîne de transmission nous prive des revenus qui découlent. Une menace pour l'économie, alors qu'on aurait pu attendre pour savoir si les maires veulent vraiment faire des logements sociaux en ce moment.
Comment voyez-vous le jour d’après dans l’immobilier de prestige ?
Nous allons faire désinfecter l'ensemble de nos bureaux, nous conserverons les règles de distanciation sociale, et les procédures d'hygiène seront encore plus strictes lors des visites, avec une préférence pour les visites virtuelles. Parallèllement, nous établissons des plans, nous sommes très organisés, et jamais dans l'improvisation.
« Nous profitons du confinement pour digitaliser nos agences »
Laurent Demeure, Président des agences Coldwell Banker.
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