Il n’y a pas que la pierre et la rentabilité à court terme qui intéressent les investisseurs. Diversifier son patrimoine avec des placements atypiques comme la forêt, loin de la volatilité des marchés financiers et plus proches du terroir et de la nature, voilà une autre voie tangible pour valoriser ses actifs de façon durable. Découverte.
Investissement forestier, une branche atypique qui a du sens
À l’heure de la transition écologique, de l’urgence climatique, de la finance verte et des projets durables et écoresponsable, investir dans un actif forestier respectueux de l’environnement est un projet vecteur de sens pour de plus en plus de Français, y compris quand on ne dispose que de quelques milliers d’euros.
Placement vert et durable offrant une valorisation appréciable sur le long terme – du fait notamment de la hausse constante du prix du bois et du foncier rural –, la forêt est un actif concret, qui n’est pas tributaire de la volatilité des marchés financiers et s’impose donc comme valeur refuge par excellence, avec un investissement au long cours, soit un minimum de 10 ou 20 ans.
Pourquoi investir dans des actifs forestiers ?
Pour les uns, la forêt représente une stratégie rassurante d’épargne ou de diversification et de transmission du patrimoine. Ces actifs offrent en effet divers avantages financiers et fiscaux, dont une exonération partielle de droits de succession.
Pour les autres, répondre à l’appel de la forêt permet de contribuer au maintien de la biodiversité et de participer activement à la lutte contre le dérèglement climatique en investissant et en s’engageant dans un projet « coup de cœur », où les aspects écologiques, éthiques et responsables restent prépondérants par rapport aux critères financiers et économiques. À condition qu’il s’agisse de forêts gérées de façon durable pour faire rimer investissement avec environnement.
Essentielle à l’équilibre de la biodiversité et à la régulation des écosystèmes et de la température, la forêt est un patrimoine vivant et vital aux multiples vertus : transformation du dioxyde de carbone (CO2) en oxygène, diminution des gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique, purification de l’air et de l’eau, réduction de l’érosion des sols...
Comment faire ? Quels types d’investissements ?
Il existe plusieurs modalités pour investir dans une forêt, chacun présentant des avantages et des inconvénients selon les profils investisseurs.
- L’achat de forêts privées en direct. Micro-marché assez confidentiel réservé aux investisseurs connaisseurs et fortunés, il s’agit le plus souvent de domaines forestiers privés d’au moins 50 hectares, nécessitant des fonds d’un minimum de 250 000 €. Ces transactions peuvent s’effectuer « en direct » ou via un intermédiaire spécialisé. Cet investissement patrimonial engage son nouveau propriétaire à une obligation de gestion, d’aménagement et d’entretien encadrée par la loi et régie par le Plan simple de gestion (PSG), un outil d'analyse économique, écologique, sociale et patrimonial de sa forêt.
- L’achat via les groupements forestiers. Il en existe deux formes : le Groupement foncier forestier (GFF) et le Groupement forestier d’investissement (GFI). Plus accessible au tout-venant et davantage à la portée de toutes les bourses, le ticket d’entrée y est de quelque 10 000 € (moins pour les GFF). Ces groupements réunissent des propriétaires de forêts, bois et autres terrains à reboiser partout en France, auprès desquels l’investisseur lambda peut acheter des parts – dont la gestion et l’exploitation est assurée par le gérant de la société –, permettant de percevoir des revenus sur les bénéfices réalisés, notamment sur la coupe du bois. Le principe des GFI est très proche du GFF en matière d’avantages fiscaux, de gestion déléguée et de mutualisation des risques, à la différence près que ces groupements fonctionnent sur le modèle des Sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) et offrent une fiscalité plus attractive. De plus, contrairement aux GFF, les GFI sont agréés par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
En 2023, le prix moyen d’un hectare de forêt en France s’établit à 4 750 € (+ 5,2 % par rapport à 2022), avec une fourchette comprise entre 720 €/ha et 14 750 €/ha. Des variations qui dépendent de divers critères comme la surface, la localisation, la qualité du bois et des essences...
Quid de la rentabilité et des avantages fiscaux et successoraux ?
Outil d’épargne, de valorisation et de diversification de patrimoine, l’investissement dans une forêt offre un rendement sur la durée de l’ordre de 1 à 3 %, sans que cela soit automatique. Si l’angle de la rentabilité n’est pas des plus alléchants, ce genre de placement reste très prisé pour les avantages fiscaux qu’il procure.
- Un abattement sur l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) de 75 % de l’assiette imposable, à condition de disposer de moins de 10 % du capital global du groupement et en contrepartie du blocage des parts pendant un temps donné.
- Un abattement de 75 % de la valeur des biens (propriété, part de groupements forestiers) sur les droits de donation et de succession.
- En matière de fiscalité, pour les investissements forestiers réalisés depuis le 1er janvier 2023, la réduction d’impôt de 18 % du montant investi a cédé la place à un crédit d’impôt (article 200 quindecies du Code général des impôts) sur le revenu (IR) de 25 %, mobilisable jusqu'au 31 décembre 2027. Réservé aux investisseurs dont la surface de la propriété – bois, forêt ou terrain à boiser – est comprise entre 4 et 25 hectares maximum, ce dispositif est plafonné à 6 250 € pour une personne seule et à 12 500 € pour un couple, ce qui permet de bénéficier d’un crédit d’impôt maximal de respectivement 1 562,50 € et 3 125 €.
En cas d’acquisition de bois et forêts, cet avantage fiscal est conditionné à une durée de détention des terrains ou des parts de groupements forestiers d’au moins 15 ans. Dans la perspective de travaux (aménagements, plantations…), la détention doit courir au moins jusqu’au 31 décembre de la 8e année suivant leur réalisation, sous réserve de respecter l’une des garanties de gestion durable prévues aux articles L.124-1 et L.124-3 du Code forestier.
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