Célèbre pour sa culture, sa gastronomie, la variété de ses paysages et ses trésors historiques, la France regorge aussi de pépites architecturales, en matière d’habitat traditionnel. Du Nord au Sud et d’une région à l’autre, elles font en effet la part belle au patrimoine local, aux techniques ancestrales et aux modes de vie d’hier et d’aujourd’hui. Petit tour de France des demeures traditionnelles les plus emblématiques de notre beau pays.
La malouinière, un caractère bien trempé (Bretagne)
Avec ses côtes sauvages battues par les vents et sculptées par la mer, ses forêts à l'origine de nombreux mythes et légendes, ses villages pétris de charme et les aléas de son climat océanique, la Bretagne se distingue par un patrimoine architectural incomparable. Tantôt pittoresques et chaleureuses, tantôt imposantes, austères et secrètes, les demeures bretonnes typiques ont en commun la robustesse et la résistance face aux éléments. L'emploi de matériaux locaux, comme la pierre taillée, le bois et le granit, qui ajoutent à leur beauté intemporelle, y est pour beaucoup.
Parmi les plus rares et majestueuses – on en compte à peine plus d’une centaine en Ille-et-Vilaine –, les malouinières sont sans nul doute les plus caractéristiques de l’esprit breton. Jadis érigée en guise de résidence de plaisance par de riches armateurs, négociants et autres corsaires du Roi-Soleil, la malouinière, typique de Saint-Malo et de son arrière-pays, est une vaste demeure inspirée des manoirs. Témoignage précieux de l’architecture des XVIIe et XVIIIe siècles, elle affiche une allure austère, presque militaire : façades en granit de Chausay, toit d’ardoise très haut, fenêtres à petits carreaux parfaitement alignées, pigeonnier, parc clos boisé, scellé par un imposant portail...
De la longère au toit bas en ardoise à la chaumière en pierre du pays coiffée de chaume, en passant par la pittoresque maison de pêcheur ou « Penty », il existe bien d’autres demeures typiques en Bretagne. Toutes témoignent de l’authenticité et de la forte identité régionale de cette terre aux mille et une facettes.
La chaumière, toute l’âme de la Normandie
Si on la retrouve en Bretagne et dans d’autres régions, la chaumière est et restera typiquement normande. Elle fait partie intégrante des paysages que l'on retrouve en Normandie. Emblématiques de l’architecture rurale locale et du rêve français d’un refuge accueillant et cosy, où se blottir devant un feu de cheminée, les chaumières traditionnelles émaillent les campagnes vallonnées et les bocages verdoyants de Normandie, en parfaite harmonie avec leur environnement. Construites pour la plupart avec des matériaux locaux et des savoir-faire ancestraux, elles sont de plain-pied ou à un étage, de forme étendue et étroite, à ossature et poutres en bois, et aux murs en torchis et pans de bois, qui créent ses colombages si typiques.
Coiffées d’une toiture, évoquant un grand chapeau de chaume largement incliné, composée de paille de blé et de seigle mélangée à des tiges de roseaux, selon les cas, les chaumières authentiquement normandes ont conservé leur parure en chaume, et la chaume le leur rend bien ! Si certaines d'entre elles ont troqué la paille contre de l’ardoise au cours de leur rénovation, la chaume revient en force pour ses qualités isolantes inégalables. Elle est synonyme de qualité pour ces maisons de campagne très recherchées en résidences secondaires.
La maison à colombages, fleuron de l'architecture alsacienne (Grand-Est)
Reconnaissable entre tous, le colombage alsacien en bois de chêne habille les maisons, les fermes, et les petits et grands immeubles du territoire, dans une grande variété de décors, motifs ornementaux et symboles créatifs, qui le rendent inimitable. D’origine médiévale et d’influence germanique, les premières maisons à colombage ont été construites au XIVe siècle et se sont popularisées dans une large frange d’Europe du Nord. Conçues en ossature bois, remplies avec du torchis et recouvertes d’un crépi au mortier à la chaux, les façades sont ensuite peintes avec des couleurs vives – bleu, vert, rouge magenta, jaune, orange... –, qui tranchent avec le bois sombre. Les plus typiques arborent des cascades de géraniums rouges, qui fleurissent le rebord des fenêtres, pour créer un ensemble pittoresque, digne des fameuses cartes postales d’Alsace !
Si le colombage est présent dans d’autres régions de France, les façades et les volets colorés, ainsi qu’une multitude d’éléments architectoniques, font toute la richesse et la particularité des maisons à colombages et du patrimoine alsaciens : balcons aux balustrades sculptées ou torsadées, oriels en pierre ou à pans de bois, tourelles, sculptures, moulures, gravures, peintures et autres éléments... Autre singularité locale : les toitures alsaciennes sont recouvertes de tuiles plates en terre cuite avec un bord inférieur arrondi, dénommées « queues de castor ». Certaines peuvent être décorées de symboles chrétiens ou païens et d’inscriptions de « protection » pour la maison, d’autres, vernissées.
La maison basque, le rouge et le blanc (Nouvelle-Aquitaine)
De l’échoppe bordelaise aux anciennes fermes charentaises ou landaises, en passant par les demeures raffinées et délicieusement art déco du bassin d’Arcachon, la Nouvelle-Aquitaine, région la plus vaste de France, à la géographie et aux paysages des plus diversifiés, est également riche d’un patrimoine architectural des plus éclectiques. Cependant, il faut mettre le cap tout au sud de la région, au Pays basque, pour entrevoir les habitations les plus emblématiques.
Imposantes, parfois « monobloc », les maisons traditionnelles basques se démarquent par leurs murs épais, leurs façades blanches en béton ou en pierre peintes à la chaux, leurs volets rouge « sang » (gorri en basque), ainsi que par des colombages peints en rouge (parfois en vert). À l’image de l’identité locale, cette couleur typique de la région symbolise des valeurs fortes, comme le courage, la vigueur et l’authenticité. Appelées également « exté » ou « etché », selon la tradition basque, ces bâtisses à l’élégance intemporelle et à la blancheur impeccable sont coiffées d’une toiture à deux pans, couverte de tuiles rouges à la forme légèrement asymétrique, une autre singularité qui capte le regard et intrigue.
Même si elles présentent nombre de points communs, les maisons basques traditionnelles se caractérisent par trois styles différents : les emblématiques labourdines rouge et blanc, très présentes sur la côte basque, les bas-navarraises, aux portes et fenêtres encadrées de pierre de taille rose et grise, et les souletines, des fermes de type béarnais tout en longueur, avec leur air sobre, leurs toits en ardoise et des murs épais en pierre.
Le mas provençal, entre douceur et art de vivre (Région Sud)
Alpes-Maritimes, Vaucluse, Var, Luberon... Direction le Sud de la France, à la découverte de ces bâtisses de rêve, qui inondent les magazines de décoration, d’immobilier de luxe et de voyage. Quintessence de l’esprit méditerranéen et de l’art de vivre ancestral de ces contrées baignées de lumière, le mas provençal est une bâtisse érigée en pierres sèches locales, assemblées avec de l'argile et de la chaux. Sa façade affiche généralement des tonalités alternant l’ocre, le beige, voire le rouge ou l’orange, et des volets aux tons pastels ou neutres.
Le plus souvent de forme rectangulaire, ou en « U » avec une cour intérieure, le mas provençal présente un toit à deux pentes en tuiles romaines. Il est traditionnellement de plain-pied ou compte un étage tout au plus, contrairement aux bastides, qui comportent souvent plusieurs étages et une architecture davantage protéiforme. Orientés plein sud pour se protéger du mistral et dotés de murs épais, les mas ont été conçus pour préserver la fraîcheur en été et la chaleur en hiver, ce qui justifie leur petit point faible : les ouvertures, étroites et peu nombreuses, sont synonymes d’une faible luminosité en intérieur. Rénovés pour la plupart dans les règles de l’art, de nombreux mas se sont transformés en demeures de charme, souvent haut de gamme, dans le plus pur respect des matériaux et des éléments d’origine.
Généralement entouré de vastes domaines verdoyants, terrains en restanque ou garrigues escarpées, le mas provençal traditionnel est à l’origine une ferme paysanne ou une maison de maître rurale implantée au cœur de terre agricoles qui ont pris la forme, au fil du temps, de jardins enchanteurs complantés d’essences méditerranéennes, d’oliviers centenaires, de cyprès, vieux chênes, pins, arbustes rustiques, champs de vignes ou de lavande...
Et ailleurs ?
Le voyage architectural ne s'arrête pas là ! Une multitude d’autres habitats traditionnels typiques ont traversé les âges et continuent d’émailler le territoire français, comme autant de parangons du patrimoine régional :
- La maison meulière, caractéristique de l’Île-de-France et de style Art nouveau (XIXe et XXe siècle). Comme son nom l’indique, elle est édifiée en pierre meulière et arbore le plus souvent une marquise, un auvent et une petite véranda.
- La maison vigneronne. Construites entre les XVIIIe et XIXe siècles, les maisons vigneronnes sont le symbole de la tradition viticole du Languedoc. Ces grandes longères surélevées accueillaient jadis des familles de vignerons, qui avaient pour coutume d’entreposer leur matériel dans de vastes pièces au rez-de-chaussée, tandis que les lieux de vie prenaient place aux étages supérieurs.
- Les maisons corons. Caractéristiques des Hauts-de-France, elles sont l’image d’Épinal par excellence de l’ère industrielle et des cités minières du Nord de la France. Toutes de briques rouges vêtues et en enfilade, ces petites maisons en « série » disposent d’une cour ou d’un jardinet potager à l’arrière.
- Les chalets de haute montagne ou le fameux « chalet savoyard ». Majoritairement en bois, avec des fondations en pierre, ils sont réputés pour leur intérieur chaleureux et douillet et leurs fenêtres en forme de cœur, de pique ou de sapin. Hier dévolus aux bergers, les chalets savoyards sont devenus pour la plupart des demeures de luxe, typiques d’une riche clientèle en quête d’un pied-à-terre à proximité des pistes de ski et des stations de montagne les plus prisées.
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